Henin s'est fait couper l'herbe sous le pied par Bartoli
LONDRES Il est à espérer pour elle qu'elle bénéficie encore un jour d'une aussi belle occasion... Justine Henin (WTA 1) a vécu, vendredi soir, l'une des plus grosses désillusions de sa carrière en s'inclinant aux portes d'une nouvelle finale de Wimbledon sous les coups précis de Marion Bartoli (WTA 19), qu'elle avait encore balayée il y a deux semaines en demi-finale à Eastbourne. La Famennoise s'est ainsi incompréhensiblement éteinte après le gain du premier set pour s'incliner 1-6, 7-5, 6-1 et voir ses espoirs de remporter enfin cette levée du Grand Chelem qui s'est toujours réfusée à elle reportés d'un an au minimum.
"Je suis un peu choquée, oui", confia-t-elle, les yeux hagards, comme K.-O. "Je suis en fait très déçue. J'avoue que je ne sais toujours pas bien ce qui est arrivé. J'avais livré un bon premier set. J'ai également eu mes chances en fin de deuxième manche et ensuite, le match a tourné. Je n'étais plus aussi fraîche. J'avais perdu pas mal d'énergie dans le match contre Serena. J'ai craqué physiquement et mentalement, mais je ne veux pas chercher d'excuse. Ce n'était pas un bon jour et elle a livré un match formidable. À certains moments, elle aurait même pu fermer les yeux, tellement tout lui réussissait. Cela fait mal, mais il faudra vivre avec..."
Tous les feux étaient pourtant au vert, sans jeu de mots, pour que Justine Henin atteigne, cette année, une troisième finale à Wimbledon, pour ne pas dire qu'elle puisse repartir avec le titre tant convoité. Lauréate à Roland-Garros, puis victorieuse à Eastbourne, elle restait sur une série de seize victoires d'affilée et semblait plus forte que jamais. Le gazon londonien, très lent, consituait également un avantage de taille et sa victoire contre Serena Williams, sa grande rivale, en quart de finale, avait dopé sa confiance. Marion Bartoli ne pouvait décemment lui couper l'herbe sous le pied. Et pourtant...
"Je n'ai pas cru que c'était fait lorsque j'ai réalisé le break en début de deuxième set. Du moins, je crois. Peut-être qu'inconsciemment... Je ne sais pas. Il est trop tôt. Je n'ai pas vu non plus l'image de ma finale contre Venus, même si c'est vrai que cela m'a trotté dans la tête. On veut tellement y être. Je savais toutefois que j'avais encore un travail à accomplir. Je pense, en fait, que je suis sans doute trop rentrée dans le jeu de Bartoli, ce qui lui a permis de prendre confiance. J'ai perdu la maîtrise, je suis devenue fébrile et j'ai subi les événements. Elle m'a fait beaucoup courir et à la fin, je ne savais plus ce que je devais faire."
Justine Henin devra donc patienter au moins un an avant de pouvoir tenter à nouveau sa chance sur le gazon londonien et partir à la chasse de la seule levée du Grand Chelem qui manque à son palmarès. En quittant le All England Club pour rentrer à sa villa faire ses valises, elle se voulait toutefois positive. Si cette défaite est peut-être la plus cuisante de sa carrière, elle s'en remettra... Les quelques jours de vacances, qu'elle avait prévus de prendre à la fin du tournoi, l'aideront à tourner la page.
"C'est la vie, c'est le sport. Elle a mérité sa victoire. Elle livre un tournoi incroyable et elle n'a jamais eu peur de gagner. Ce sont des choses qui arrivent... Sur le moment même, c'est dur, mais dans quelques jours, cela ira mieux. J'aurai encore d'autres occasions. Je ne veux surtout pas que cela devienne une obsession..."